dimanche, 1 juin 2008

Salon des Maires sur le thème de l'ouverture d'un crématorium

Compte-rendu de l’atelier organisé le 22 novembre dernier, par le Salon des Maires et des Collectivités Locales sur le thème : "Comment monter le projet d’ouverture d’un crématorium, du financement à la réception du bâtiment".
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2 - Pollution des crématoriums

On a vu que les fumées de crémation contenaient du mercure dû aux amalgames dentaires, apparus en Chine au IV ième siècle avant J.C. Actuellement cet amalgame au mercure est le plus efficace pour les grosses caries et présente un effet bactéricide. Il n’est donc pas prêt d’être remplacé (cf. rapport du sénateur Gérard Miquel).

C’est pourquoi les déchets de filtration des fumées de crématorium sont classés dangereux (décret n° 2002-540 du 18 avril 2002 relatif à la classification des déchets) et doivent être éliminés en décharge de classe 1 pour un coût d’environ 58 € par tonne.

Toutefois, l’Europe et la France ont signé la convention OSPAR de protection de l’Atlantique Nord, qui prévoit une réduction des pollutions de l’air et des rivières par les métaux lourds, dont le mercure. Après avoir restreint la pollution des usines de transformation des métaux, les Etats Membres de l’Europe devraient donc réglementer les rejets des crématoriums, comme l’ont déjà fait les pays nordiques.

Cette filtration des gaz par un filtre à manche aurait également son utilité pour les dioxines, composés chloro - benzoïques et substances cancérogènes qui sont certainement présentes dans les fumées. En effet, le bois du cercueil est le plus souvent résineux, c’est-à-dire qu’il contient des substances aromatiques, composés benzoïques. De plus, le corps humain contient du chlore, un des composants du sel présent dans la sueur, et les conditions de combustion sont strictement identiques à celles des usines d’incinération d’ordures ménagères qui produisent des dioxines,. Cette production de dioxines est un avis personnel. L’incertitude actuelle porte plus sur la quantité de dioxines présentes que sur l’éventualité de leur présence.

C’est pourquoi une étude du ministère de la santé a été lancée sur la douzaine de crématoriums les plus importants pour mesurer le respect de la réglementation (arrêté du 29 décembre 1994) car depuis cette date, les teneurs en poussières et en composés organiques volatils, qui étaient en 1994 inférieurs à 50 % de la valeur réglementaire, dépassent désormais cette valeur sans que l’on en connaisse la raison.

De plus, cette enquête mesure les rejets de dioxines et de mercure. Certains crématoriums, tels celui de Strasbourg, étant déjà équipés d’un filtre, cette enquête démontrera aussi l’efficacité de la filtration.

Cette étude précise les conditions de mesure et répertorie des sources éventuelles de pollution : nature du bois, présence de soins de conservation, cercueil hors gabarit habituel.

Les résultats de cette étude ne sont pas encore connus.

C’est à cause des dioxines que de nombreuses installations d’incinération d’ordures ménagères ont été fermées car ces dioxines font peur à la population. Il importe donc de les prendre en compte dans la réglementation des crématoriums avant que des phénomènes de rejet des crématoriums s’installent dans l’esprit de la population.

L’étude menée actuellement devrait déboucher sur un ciblage de pratiques à condamner (peut-être interdire les soins de conservation en cas de crémation, ou utiliser des produits spécifiques, ou interdire le résineux pour le bois des cercueils de crémation) et des mesures à prendre pour éviter la contamination du voisinage (filtres à mercure par exemple).

Toutes les solutions sont envisageables, sachant que le critère limitant est le respect du corps du défunt, qui présente un caractère sacré et empêche de ce fait certains traitements portant atteinte au corps.

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3 - Le problème de la filtration :

Le sujet qui préoccupe actuellement les gestionnaires de crématorium est la parution et dans quels délais d’une réglementation concernant la filtration des gaz de combustion des fours de crémation.

Les produits rejetés par ces fours sont de deux sortes :

  • Les poussières qui sont totalement inertes car elles ont été soumises à une température supérieure à 850 voire à 1000 °C pendant plus de 2 secondes selon la norme française.
  • Les matières polluantes comme le plomb, le mercure qui se trouvent dans les amalgames que nous ont posés les dentistes ainsi qu’une infime quantité de dioxine produite par la combustion du bois du cercueil et des vêtements à plus de 1000 °C.

Pour ce qui est de la dioxine il s’agit de quelques pico grammes voire milligrammes par an.
Pour ce qui est du mercure qui est le produit le plus polluant, il s’agit pour un crématorium de la taille de Strasbourg, d’environ 4,5 kg/an soit 1,5 gramme par corps. Avec une densité de 13,6, cela représente, en volume, 33cl de mercure à récupérer par an.

Petites précisions :
  • Le volume des 3200 cercueils incinérés à Strasbourg représente un parallélépipède d’environ 64 m de long, 7 m de large et 5 m de haut, soit 2240 m3.
  • L’usine de traitement des ordures ménagères de Strasbourg rejette encore, après filtration, 252 kg de mercure par an !

Bien que cette opération relève plus du laboratoire que du domaine industriel, il s’agit de récupérer 1,5 g de plomb, 1,5 g de mercure, quelques traces de dioxine sur un corps qui avec son cercueil pèse entre 70 et 100 kg, la technologie pour arriver à ce résultat existe.

Elle est toutefois particulièrement onéreuse puisque le système de filtration coûte deux fois plus cher que le four seul. Un four filtré coûte donc 3 fois le prix d’un four non filtré !

Cet investissement ramené au prix unitaire de la crémation augmentera le prix de la prestation de 60 à 100 .

Un convoi funéraire revient en moyenne à la famille entre 2500 et 3000. L’installation des équipements de filtration entraînera une augmentation minime du prix du convoi de l’ordre de 2 à 3 %.

Par ailleurs les pays limitrophes imposent déjà la filtration des gaz aux crématoriums, Angleterre, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne.
Soyons réalistes et pragmatiques, il ne sera pas possible de s’opposer à une réglementation qui va imposer ces équipements à court ou à moyen terme.

Tout cela pour dire que dans un projet de crématorium, même si cette filtration n’est pas obligatoire aujourd’hui, il y a lieu, au minimum, de prévoir une possibilité d’extension du bâtiment pour y installer les équipements nécessaires qui représentent une surface au sol et un volume non négligeable.
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La proposition que je peux vous faire c’est de venir visiter le Centre Funéraire de Strasbourg afin de prendre conscience de toutes ces contraintes, afin de les gérer au mieux dans le cadre de votre projet
http://www.resonance-mag.com/dossiers/dossiers.php?val=87_smcl+comment+monter+projet+douverture+dun+crematorium+financement+reception+batiment

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